Le miracle de Berne
Belgique-Allemagne : 2-0
Le 26 septembre 1954
Dans mes souvenirs d'enfance je me souviens du reportage à la radio de la rencontre Belgique-Allemagne. La Belgique avait battu par le score de 2-0 l'équipe d'Allemagne.
Luc Varenne s'exclamait : "la Belgique a battu les champions du monde". La Belgique sera d'ailleurs considérée pendant longtemps comme la championne du monde des matchs amicaux.
Angleterre-Hongrie : 3-6
Le 25 novembre 1953
Mon père m'avait surtout parlé de l'équipe hongroise qui avait battu à Wembley l'équipe d'Angleterre par le score de 3-6.
L'équipe des Three Lions était invaincue à domicile depuis le début de leur histoire face à une équipe du continent.
La Hongrie quant à elle était invaincue depuis 1950, avait remporté la médaille d'or aux Jeux olympiques d'Helsinki en 1952, avait remporté la Coupe internationale, débutée en 1948 et terminée en 1953.
L'abandon par l'entraîneur hongrois Gusztáv Sebes du classique WM avait permis d'exploiter au maximum les qualités des joueurs en leur donnant plus de liberté.
Stanley Matthews
De l'équipe d'Angleterre je connaissais Stanley Matthews (Blackpool).
Parmi ses qualités techniques, on retenait ses dribbles. On le surnommait The Wizard of the Dribble soit le sorcier du dribble.
Il était taxé de vrai gentleman, de champion du fair-play au comportement irréprochable sur terrain et discret dans la vie publique.
En 1963, à 48 ans, il est désigné meilleur joueur de l'année en Angleterre.
C'est aussi le premier joueur de football à connaître les honneurs royaux pendant sa carrière car le , il est fait « Compagnon de l'Ordre de l'Empire britannique » (CBE) et sera anobli par la reine au rang de Knight Bachelor. Il devient Sir Stanley Matthewl sera en 1956 le premier lauréat du ballon d'or devant Di Stefano et Kopa.
N.B. : au match retour en Hongrie, la sanction est encore plus terrible : 7-1.
La finale de la coupe du monde de 1954
Le miracle de Berne
Equipe hongroise
Trois noms m'étaient familiers : le capitaine Ferenc Puskás, Sándor Kocsis (Honved), Zoltán Czibor (Honved). Un autre joueur important était Nándor Hidegkuti.
Cette équipe était surnommée le onze d'or (Aranycsapat).
En bas : Mihály Lantos, Ferenc Puskás, Gyula Grosics
En haut : Gyula Lóránt, Jenő Buzánszky, Nándor Hidegkuti, Sándor Kocsis, József Zakariás, Zoltán Czibor, József Bozsik, László Budai
Ferenc Puskás
Ferenc Puskás - est toujours considéré comme le meilleur joueur de l'histoire de la Hongrie. Il sera Naturalisé espagnol en 1961 et jouera jusqu'à l'âge de 40 ans (1967).
Il joue d'abord au Budapest Honvéd.
En 1949, le club est repris par le ministère hongrois de la défense. C'est l'équipe de l'armée hongroise. C'est à cette époque qu'elle prend le nom de Budapest Honvéd. Les joueurs sont militaires et Ferenc Puskás devient major (en hongrois : Őrnagy), ce qui explique son fameux surnom de Major galopant.
C'est le que les chars russes entrent dans Budapest pour mater l'insurrection hongroise. Peu avant à la demande Imre Nagy l'équipe de Budapest Honvéd s'était rendue en tournée en Europe malgré les évènements qui ont lieu en Hongrie
Après l'intervention russe, le nouveau gouvernement exige que les joueurs rentrent au pays. Ferenc Puskás choisit alors de rester en Occident. Sa femme et sa fille ont pu gagner Vienne,à pied et il part les y retrouver.
On considère que à 30 ans et avec de l'embonpoint c'est un joueur fini. Pourtant il fera les beaux jours du Real de Madrid de 1958 à 1966 au côté de Di Stefano, Kopa et Gento.
Anecdote : le faux József Zakariás
Equipe allemande
En ce qui concerne l'équipe allemande, seuls deux noms m'étaient familiers : Fritz Walter (le capitaine) et Helmut Rahn (le centre-avant).
Frtiz Walter, Anton Turek, Horst Eckel, Helmut Rahn, Ottmar Walter, Werner Liebrich, Josef Posipal, Hans Schäfer, Werner Kohlmeyer, Karl Mai, Maximillian Morlock
Entraîneur : Sepp Herberger (1897-1977)
L'arbitre William Ling
Il signala un hors-jeu inexistant à la 86ème minute de Ferenc Puskás, ce qui aurait pu permettre l'égalisation à 3 buts partout et d'aller en prolongation.
L'arbitrage du britannique William Ling est controversé. Il a arbitré les deux matchs opposant les deux équipes et au premier tour, n'avait pas sanctionné Liebrich qui avait agressé Puskas.
On voit sur la photo ci-dessous que le hors-jeu est "imaginaire". Certains pensent qu'il voulait laver "l'humiliation" de Wembley en novembre 1953.
Amélioration technique
Adolf Dassler " Adi " (1900-1970) conçoit et teste alors des chaussures de sport dans la laverie de sa mère au début des années 1920.
Il fonde la "Gebrüder Dassler Schuhfabrik" avec son frère Rudolf Dassler en 1924.
Entre 1932 et 1933, il élargit ses compétences d'artiste au réputé collège technique de chaussures de Pirmasens.
Les deux frères se séparent en 1948 et Rudolf Dassler fonde Puma. Adi créa un an plus tard sa propre entreprise, Adidas.
Il est engagé par Sepp Herberger.
Les chaussures de football novatrices et légères, dotées de crampons à vis interchangeables, étaient de loin supérieures aux lourdes chaussures de compétition. Les allemands ont un important avantage technique car la rencontre sera marquée par une pluie battante.
Les joueurs pouvaient visser des crampons en fonction de l'état du terrain ce qui constituait un avantage majeur surtout sur un terrain boueux. On put voir que les Hongrois étaient moins stables et glissaient plus fréquemment.
Mes premières chaussures de foot ressemblaient à ceci :
Il fallait clouer les "studs" sur la semelle.
Mes premières vraies chaussures furent achetées en 1958 chez Gillis sports à Liège dont le magasin se situait dans le carré à Liège (rue d'Amay ou rue tête de boeuf). C'étaient des Adidas !
Depuis le 29/05/2006, l'on peut voir à Herzogenaurach sur la Adi-Dassler Sportplatz cette statue de Josef Tabachnyk.
Dopage
C'est en Allemagne que l'on s'est soucié de la vérité. C'est grâce à Dorothee Alfermann en 2002 "Doping in Deutschland: Geschichte, Hintergründe, Auswirkungen". Elle est internationalement connue et possède un gros curriculum.
Les premiers résultats de l'étude baptisée "Dopage en Allemagne", financée par le Comité olympique allemand, furentt publiés en 2012 et révèlent que le dopage était utilisé dans le sport de haut niveau en RFA dès 1949.
La suspicion venait du fait que Fritz Walter (1920-2002), Helmut Rahn (1929-2003), Heinz Kubsch (1930-1993) et Max Morlock (1925-1994) avaient présenté une hépatite. après la coupe du monde. Richard Hermann (1923-1962) meurt en 1962 d'une cirrhose consécutive à une hépatite C. Le décès deWerner Liebrich semble aussi du à un ictère la finale
Le médecin de l'équipe était Franz Loogen engagé par Sepp Herberger peu avant la compétition.
En 2004 à la télévision, Loogen affirmait que les joueurs avaient reçu uniquement des injections de vitamine C. Il admit qu'à cette époque, il n'y avait pas de seringues à usage unique et que le virus de l'hépatite pourrait avoir été transmis de cette manière.
L'étude universitaire du Comité olympique allemand affirme au contraire que les joueurs de la Mannschaft avaient reçu des injections de pervitine.
Les joueurs croyaient recevoir un traitement de vitamine C mais recevaient en fait des injections de méthamphétamine. Cette drogue était bien connue des troupes allemandes lors de la seconde guerre mondiale.
Tout ceci explique en grande partie pourquoi une équipe laminée en phase de groupe sur le score de 8-3 réalisa le miracle de Berne.