Vendredi Saint

10 avril 2009

Hortus deliciarum, le Jardin des Délices, est le titre d’un livre alsacien du Moyen Âge lié à deux références quasi inséparables, le Mont Sainte-Odile (le lieu de sa création) et Herrade de Landsberg (son auteur). Il décrit un paradis en devenir sur la terre, celui d’une communauté religieuse qui va vers le royaume de Dieu par l’ascèse et la méditation.

Cette miniature est tirée de l'Hortus deliciarum

L'iconographie chrétienne du moyen Age obéit à toute une série de règles et attache de l'importance à la place, l'ordonnance, la symétrie, le nombre. La droite est la place d’honneur.
On lit en effet dans les Psaumes : “Adsilet regina a dextris tuis in vestitu deaurato”. Pareillement, le haut est considéré comme plus honorable que la place d’en bas.

A la droite du Christ, l'Eglise et à sa gauche, la Synagogue.
L'Eglise et la Synagogue sont représentées sous la forme allégorique de deux personnages féminins, l'un triomphant, l'autre abattu. On reconnait à la droite du Christ : l'Eglise triomphante. Elle tient le calice dans lequel le sang du Christ est recueilli et est assise sur un animal mythique, à quatre têtes avec les pieds qui correspondent à chacune de ces têtes. Cet animal (le tétramorphe) représente les 4 évangélistes. L'Eglise tient un étendard à hampe cruciforme tourné vers le Christ et une coupe pour recueillir le sang qui s'écoule de la plaie. La Synagogue, assise avec beaucoup moins de majesté qu'Ecclésia, est juchée sur un âne au comportement rétif, animal qualifié de sot et vicieux, et dont le licol, par lequel il pouvait être guidé, gît à terre. La femme aveuglée par son voile, détourne la tête du Christ en croix, tient à la fois un couteau sacrificiel et un agneau. La bannière est tombée de ses mains et gît dans la poussière.

On retrouve cette symétrie et cette répartition droite-gauche dans beaucoup d'Eglises et en particulier sur la façade occidentale de notre dame de Paris. L'église est près de la porte nord du portail occidental et la synagogue près de la porte sud de ce même portail.

A la droite du Christ, le Soleil (lumière) et à sa gauche, la Lune.

A la droite du Christ, le bon larron et à sa gauche, le mauvais.
Selon l'Évangile de Luc, peu avant la mort du Christ et alors que les trois personnages étaient déjà mis en croix, le mauvais larron se mit à l'insulter. Mais le bon larron prit la défense de Jésus, se repentit de ses péchés et reconnut en lui le Sauveur. L'Église l'a reconnu comme saint sous le nom de Dismas, en vertu de la promesse du Christ : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23,40).

A la droite le centurion et à sa gauche, le porte-éponge
Le centurion est à la droite du Christ car après avoir ouvert de sa lance le côté du Christ, il reconnaît qu’il est vraiment Dieu et proclame sa foi.
Le porte-éponge (par tradition, c’est un juif) car le vinaigre est l’ancienne doctrine et est donc situé à la gauche du Christ.

A la droite la Vierge Marie et à sa gauche, saint Jean
Dans le bas de l'image St Jean est à gauche car il arrive le premier mais ne veut pas entrer et s'efface devant St Pierre qui représente la nouvelle Eglise.

Dans le bas : des morts ressuscitent
Dans le bas de l'image, des morts ressuscitent. Sous les pieds du Christ : un squelette. Ce serait Adam dont on pensait que le tombeau serait situé à l'endroit où le Christ fu crucifié. Il en serait de même à Strasbourg où le squelette aurait dit-on une côte en moins.